Il est bien connu que les occlusives labiales-vélaires sont rares dans les langues du monde, mais qu’elles font partie de l’inventaire phonologique d’un grand nombre de langues généalogiquement diverses parlées dans le nord de l’Afrique sub-saharienne. Cette contribution démontre, à l’aide de données quantitatives, que la fréquence lexicale des labiales-vélaires est très inégale au sein de cette zone. D’une part, on peut distinguer entre les langues où les labiales-vélaires ont une fréquence basse dans le lexique et les langues où leur fréquence est plus élevée. En plus, la répartition géographique de ces deux groupes n’est pas aléatoire : il existe trois foyers de fréquence élevée et une zone périphérique. D’autre part, nous démontrons qu’au sein des langues individuelles il existe des différences significatives dans la fréquence des labiales-vélaires entre le lexique dit « de base » et le lexique entier, ce que nous interprétons comme étant une indication indirecte pour l’hypothèse selon laquelle les labiales-vélaires seraient beaucoup plus fréquentes dans les parties « expressives » du lexique, tels que les idéophones.