Places of history, Politics and time
Lugares de la historia, Política y tiempo
Lieux de l'histoire, politique et temps
Résumé
In anthropology, Marc Augé has made a distinction between places and non-places, after which Marc Abélès has proposed a concept of ‘the place of the political’. This concept echoes Sartre's statement that ‘a society is first of all the place which contains it’. Sartre was referring to the Salle des Menus Plaisirs, which in May 1789 contained the coming revolutionary society, embodying the whole of society even in the absence of nobility and clergy. But what is a place for history as social practice? Walter Benjamin, in his ‘On the Concept of History’, states that 'history is the object of a construction whose place is not homogeneous, empty time'. He thus suggests that the place where historical thought can dwell on depends on the way it envisages time. The homogeneous and empty time of capitalism does not allow making history, for nothing can be envisaged in the inevitable nature of its unfolding. In order to make history, one would need a place where time would be more dialectical and complex and even crossed by messianic time. The French Revolutionaries experimented with this kind of complex time when they turned history into a place of political and civic education. Antiquity was the historical place they chose to reflect on their present through the prism of the Athenian democratic or Roman republican habits. This place of history of the “free peoples” did, however, not stop them from being inventive and even declaring that, in the words of Saint-Just, ‘heroism does not have a model’ and ‘one should not reject anything but one should also not imitate anything’. Along these lines, this article returns to the question of what allows making history a place of political reflection and reflectivity. In so doing, it will try to understand the places of history as places of time. The era of the French Revolution serves today as a subversive social imagination. But does it still offer a place for history? It provides us with empirical reserves for the reflection on the places of history in relation to time. This is a time which is no longer homogeneous and empty but filled with phantoms, creating spirals, layers of fog, ruptures... places for a contemporary history as a history of rifts, re-enactments, and revivals.
En anthropologie, Marc Augé a distingué les lieux et les non-lieux, à la suite de quoi Marc Abélès a proposé le concept de "lieu du politique". Ce concept fait écho à l'affirmation de Sartre selon laquelle "une société est d'abord le lieu qui la contient". Sartre faisait référence à la Salle des Menus Plaisirs qui, en mai 1789, contenait la société révolutionnaire à venir, incarnant l'ensemble de la société même en l'absence de la noblesse et du clergé. Mais quelle est la place de l'histoire en tant que pratique sociale ? Walter Benjamin, dans son ouvrage "Sur le concept d'histoire", affirme que "l'histoire est l'objet d'une construction dont le lieu n'est pas le temps homogène et vide". Il suggère ainsi que le lieu où la pensée historique peut s'installer dépend de la manière dont elle envisage le temps. Le temps homogène et vide du capitalisme ne permet pas de faire de l'histoire, car rien n'est envisageable dans le caractère inéluctable de son déroulement. Pour faire l'histoire, il faudrait un lieu où le temps serait plus dialectique et complexe, voire traversé par le temps messianique. Les révolutionnaires français ont expérimenté ce type de temps complexe en faisant de l'histoire un lieu d'éducation politique et civique. L'Antiquité est le lieu historique qu'ils ont choisi pour réfléchir à leur présent à travers le prisme des habitudes démocratiques athéniennes ou républicaines romaines.Cette place de l'histoire des "peuples libres" ne les a cependant pas empêchés d'être inventifs et même de déclarer que, selon les mots de Saint-Just, "l'héroïsme n'a pas de modèle" et "qu'il ne faut rien rejeter mais qu'il ne faut rien imiter non plus". Dans cette perspective, cet article revient sur la question de savoir ce qui permet de faire de l'histoire un lieu de réflexion politique et de réflexivité. Ce faisant, il tentera de comprendre les lieux de l'histoire comme des lieux de temps. L'époque de la Révolution française sert aujourd'hui d'imaginaire social subversif. Mais offre-t-elle encore une place à l'histoire ? Elle nous fournit des réserves empiriques pour la réflexion sur les lieux de l'histoire en relation avec le temps. Un temps qui n'est plus homogène et vide mais rempli de fantômes, créant des spirales, des nappes de brouillard, des ruptures... lieux d'une histoire contemporaine comme histoire des déchirures, des remises en scène et des renaissances.
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